Pas une ombre au tableau ne
laissait présager ta sortie de scène. Et pourtant, un sentiment coutumier me
renvoyait inéluctablement à nos souvenirs usés. Je pensais que nos
enfantillages se conjugueraient cette fois à l’imparfait mais malheureusement, nos
erreurs et nos manquements se sont employés à ressurgir sur l’écran noir de nos
souvenirs comme une mauvaise rediffusion…
Tu es assurément bon vivant, d’un
naturel bon enfant. Les images défilent et ton sourire mécanique s’affiche joliment
sous cet air mutin de jeune premier. Je te vois trainer sans relâche sous les
œillades de tes partenaires de soirée à distribuer tes sonates agréables et à
amuser l’assemblée. Ton prégnant souvenir se heurte à notre implacable dualité
et ses revers assassins. La tranquillité de tes gestes cache une agitation de
dernière minute, un gout d’inachèvement en perte de vitesse que tu tentes
vainement de combler. Ton aura crépite sous les feux de tes projecteurs. Ma
tête comme trophée malsain de cette histoire sans lendemain. Le cœur est à
l’honneur dans ton quartier de haute sécurité mais les gardes veillent sans
relâche. Ils se méfient des roulements de tambour, des grandes épopées funestes
que nos sentiments finissent par déclencher. Cette fois c’est la raison qui aura
eu le dernier mot sur la passion et je courbe fébrilement l’échine pour laisser
la lame du rasoir me transpercer, sans geindre, parce que je ne m’opposerai pas
à ton choix, aussi implacable soit-il.
La vanité est une traitresse qui
nous écrase les doigts à chaque fois que nous pensons à elle. Tous ces combats
que nous menons à bras-le-corps nous poussent dans nos derniers retranchements.
Ils finissent par nous perdre dans les enchevêtrements de nos distorsions et
nous bannissent du monde réel. Tu vis dans l’ombre d’un monde qui n’est pas le
tien. Le prestidigitateur n’appartient à aucun autre qu’à lui-même. Il croupit
dans le silence de sa solitude pendant que ses hôtes vivront éternellement
jeunes et heureux.
Je vais continuer de trainer des
brides de notre histoire comme le fardeau d’un fou et je vais brandir, chaque
jour, le drapeau de ma culpabilité et de mon amertume comme le sceau sacré de
notre histoire. Dans cette mélasse de disgrâce, je continuerai de t’aimer et d’aimer
la moindre particule de ta non moins curieuse personne parce que c’est
finalement la seule chose qui compte à mes yeux.
Eternellement tienne,
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