Tes années passent. Tes années s’effacent au rythme des saisons. Le
rythme de la vie ralentit et se heurte à la jeunesse fougueuse et impétueuse.
Tu es assis sur la dernière marche de ton adolescence et tu pleures la fin de
ton élixir de jeunesse.
Je m’octroie
un instant d’innocence dans le reflet de ses infidèles portraits qui distillent
grossièrement leur magie. Les artifices n’ont jamais tant eu leur place dans
nos vies que depuis que nos apôtres ne sont transformés en des guignols animés
de vices et de bêtises. Nos humeurs instables et notre morosité en disent long
sur l’insatisfaction de nos conditions. Nous marchons seuls. Que dis-je nous
errons silencieux dans le tumulte de nos idées noires. La jeunesse s’autorise
des sorties de route, elle se perd et se détruit en silence. Ils attendent le
dernier train. Ils attendent que leur tour vienne mais ils ne bousculent plus
leur chance. Ils n’ont plus d’envie, eux-mêmes le savent, ils n’ont plus de
rêves. Ils finissent par attendre que le temps passe et accrochés au mur de
leur évasion, ils attendent une raison pour dépasser leurs propres convictions.
La vie s’étiole doucement dans les bars et autres établissements d’indécence
pendant que la réalité s’acharne à empoisonner nos espoirs et qu’elle étouffe
notre gout pour la vie et ses plaisirs. Nous survivons tant bien que mal dans
le fond de nos routines quotidiennes. La dangerosité vient des cieux qui nous
ont tout donné et qui peuvent dans le même élan, s’ils le veulent, tout nous
reprendre. La peur au ventre de perdre le peu que l’on acquiert nous condamne à
une totale soumission et à tolérer l’inacceptable condition d’esclave dans
laquelle nous nous enlisons jour après jour. Notre Eden n’est plus un paradis
mais bel et bien le temple d’un seul incrédule qui s’octroie beaucoup de droits
dans le seul but de nous retirer les quelques bénéfices de nos travaux forcés. Des
travaux herculéens qui s’emploient à nous occuper suffisamment pour léser nos
jugements. Ses heures qui ne cessent d’augmenter pour mieux nous conditionner à
nos écrans animés le soir et les jours de repos. Transgressons les règles et
nous deviendrons les parias d’un monde qui n’aura plus besoin de nous. Soyons
des moutons bien obéissants et vivons heureux entourés d’infirmes candidats à
la rébellion. Vos chers enfants seront à votre image, ils apprendront à courber
l’échine et à user leurs genoux à force de courbures et de cirer les chaussures
de leurs commanditaires. Ne vous acharnez pas à les rendre inflexibles, ils
seront comme vous des masses dociles et aveugles qui vont appauvrir encore davantage
le genre humain et amoindrir les cervelles des générations futures. La cohésion
est la seule chance suffisamment viable pour nous sortir de cette dictature
gouvernementale d’un monde qui base son pouvoir sur la seule corde qui se dit
sensible sur les humanoïdes, la consommation infinie de biens toujours plus
performants. Dans cette course effrénée à la jouissance de biens matériels qui nous
aspire dans cette spirale infernale de consommation, d’endettement et de dépendance.
Les plus chanceux, ceux qui survivent dans leur pauvreté, se réconfortent tant
qu’ils le peuvent en se disant qu’il pourrait essuyer un coup du sort bien pire
que ce qu’ils vivent et tentent d’enjoliver leur quotidienne infortune en
survivant auprès de leurs congénères de galère. Peuple, réveillez-vous avant
que l’asservissement totale ne vous laisse plus aucune chance de faire exploser
les chaines que vous avez autour des poignets. Pensez-y la jeunesse n’est pas
éternelle et nos chances d’y survivre sont infimes…
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