jeudi 8 décembre 2016

Elixir de jeunesse




Tes années passent. Tes années s’effacent au rythme des saisons. Le rythme de la vie ralentit et se heurte à la jeunesse fougueuse et impétueuse. Tu es assis sur la dernière marche de ton adolescence et tu pleures la fin de ton élixir de jeunesse.



Je m’octroie un instant d’innocence dans le reflet de ses infidèles portraits qui distillent grossièrement leur magie. Les artifices n’ont jamais tant eu leur place dans nos vies que depuis que nos apôtres ne sont transformés en des guignols animés de vices et de bêtises. Nos humeurs instables et notre morosité en disent long sur l’insatisfaction de nos conditions. Nous marchons seuls. Que dis-je nous errons silencieux dans le tumulte de nos idées noires. La jeunesse s’autorise des sorties de route, elle se perd et se détruit en silence. Ils attendent le dernier train. Ils attendent que leur tour vienne mais ils ne bousculent plus leur chance. Ils n’ont plus d’envie, eux-mêmes le savent, ils n’ont plus de rêves. Ils finissent par attendre que le temps passe et accrochés au mur de leur évasion, ils attendent une raison pour dépasser leurs propres convictions. La vie s’étiole doucement dans les bars et autres établissements d’indécence pendant que la réalité s’acharne à empoisonner nos espoirs et qu’elle étouffe notre gout pour la vie et ses plaisirs. Nous survivons tant bien que mal dans le fond de nos routines quotidiennes. La dangerosité vient des cieux qui nous ont tout donné et qui peuvent dans le même élan, s’ils le veulent, tout nous reprendre. La peur au ventre de perdre le peu que l’on acquiert nous condamne à une totale soumission et à tolérer l’inacceptable condition d’esclave dans laquelle nous nous enlisons jour après jour. Notre Eden n’est plus un paradis mais bel et bien le temple d’un seul incrédule qui s’octroie beaucoup de droits dans le seul but de nous retirer les quelques bénéfices de nos travaux forcés. Des travaux herculéens qui s’emploient à nous occuper suffisamment pour léser nos jugements. Ses heures qui ne cessent d’augmenter pour mieux nous conditionner à nos écrans animés le soir et les jours de repos. Transgressons les règles et nous deviendrons les parias d’un monde qui n’aura plus besoin de nous. Soyons des moutons bien obéissants et vivons heureux entourés d’infirmes candidats à la rébellion. Vos chers enfants seront à votre image, ils apprendront à courber l’échine et à user leurs genoux à force de courbures et de cirer les chaussures de leurs commanditaires. Ne vous acharnez pas à les rendre inflexibles, ils seront comme vous des masses dociles et aveugles qui vont appauvrir encore davantage le genre humain et amoindrir les cervelles des générations futures. La cohésion est la seule chance suffisamment viable pour nous sortir de cette dictature gouvernementale d’un monde qui base son pouvoir sur la seule corde qui se dit sensible sur les humanoïdes, la consommation infinie de biens toujours plus performants. Dans cette course effrénée à la jouissance de biens matériels qui nous aspire dans cette spirale infernale de consommation, d’endettement et de dépendance. Les plus chanceux, ceux qui survivent dans leur pauvreté, se réconfortent tant qu’ils le peuvent en se disant qu’il pourrait essuyer un coup du sort bien pire que ce qu’ils vivent et tentent d’enjoliver leur quotidienne infortune en survivant auprès de leurs congénères de galère. Peuple, réveillez-vous avant que l’asservissement totale ne vous laisse plus aucune chance de faire exploser les chaines que vous avez autour des poignets. Pensez-y la jeunesse n’est pas éternelle et nos chances d’y survivre sont infimes…

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