Je voudrai te courir dans les bras. T’embrasser. Echanger ses premiers
vrais mots avec toi et te sourire longuement. Ressentir cette fébrilité m’envahir
et me laisser submerger par l’émotion que dégage ta présence. Cette intensité
que je pensais morte. Ce sentiment puissant d’amour incandescent. Ce feu qui
brûle et jaillie en dehors de moi-même.
Je prends le risque que cette
lettre ne reçoit pas l’accueil que je souhaite que tu lui réserves. Je ressens
une douleur constante. J’ai mal de te savoir aussi prêt de moi sans que tu ne
saches que j’existe. Je ne sais rien de ta vie, rien de tes passions, rien de
ton désir. Pas même si la place que je convoite soit libre. Je ne sais pas si
tu aimes. Je ne sais pas si ton cœur bat pour une autre. Je crains de devoir
essuyer un refus ou que tu ne me repousses. Et pourtant, j’ai décidé de me
mettre à nue car je n’obtempère pas devant l’inconnu. Je te donne ma plume pour
te conter combien tu as déjà pris tant de place dans ma vie sans que tu ne le
saches. Mon geste est fou, unique et incompréhensible. Je n’ai pas le courage d’attendre
patiemment de te croiser au détour d’une porte pour t’avouer mon éprise sur ta
charmante personne. Je serai incapable de le faire. Nos voyages dans la cage d’ascenseur
ne m’ont pas offert non plus suffisamment de temps pour échanger davantage que de
simples banalités. Et d’ailleurs, j’ai à regret de ne plus te croiser depuis
quelques semaines. Ces brefs entrecroisements suffisaient à me donner le
sourire mais cette subite absence a permis de laisser le manque m’envahir. Je
me rends compte que l’attente est longue et que le fait de te savoir vivre à
quelques mètres de moi rend celle-ci d’autant plus pénible.
Alors j’ai eu l’idée saugrenue de
t’écrire ne sachant pas si tu accorderais une quelconque importance à ce
contenu. Te moqueras-tu de moi ? Penseras-tu que la démarche soit puérile ?
Seras-tu touché par le geste ? Ces questions comme autant de ces incertitudes
qui nourrissent mes craintes actuelles. Le simple fait de composer avec les
mots ce soir me rend plus à fleur de peau que je ne le suis habituellement mais
songer à ce que tu les lises est encore plus éprouvant. Je fais timidement un
pas vers toi en attendant malgré tout que tu fasses la même chose de ton coté
si tenté que l’attirance soit réciproque et que ton cœur soit suffisamment
libre pour me laisser entrer.
Amoureusement,
L’inconnue du couloir
de gauche.
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