Une petite voix lui martelait la
tête. Elle lui répétait inlassablement les mêmes choses. Elle lui racontait
toujours cette sordide histoire de complots. Elle lui parlait depuis maintenant
quelques mois. C’était un homme d’âge mûre qui se tenait assis au milieu de la
pièce le visage entre ses mains. Il se balançait étrangement en murmurant des
mots inaudibles. Il avait fini par croire que le monde entier complotait contre
lui. Il ne faisait plus confiance en personne depuis que sa perception de la
réalité s’était modifiée. La réalité avait-elle simplement existée un jour. Il
était envahi de ses idées et ses impressions étranges. Il voguait dans le
tourbillon de ses hallucinations et se heurtait souvent à l’insécurité que lui
procurait son état. Il sombrait chaque jour davantage.
Le soir. Ses crises se
multipliaient. Il devenait parfaitement incontrôlable saisie par l’effroi et la
peur que l’on vienne pour l’assassiner. Il divaguait. Il se comportait d’une
manière étrange. L’imprévisibilité de ses faits et gestes le rendait
inquiétant. Il ouvrait les portes. Il laissait l’air s’infiltrer par les
fenêtres entrebâillées. Il inondait la pièce de ces sonorités musicales. Il ne
voulait plus entendre les voix. Il s’abreuvait de liqueur alcoolisée comme pour
tromper sa folie. Jamais il ne connaissait de répit dans sa schizophrénie.
Au travers de son voyage
psychotique, il écumait les terres hostiles. Il distribuait sa haine. Son
rapport à l’autre était totalement altéré par la maladie. Ses voisins s’en
référaient presque chaque soir aux services de Police. Le désordre de ces idées
dissonantes l’empêchait souvent de répondre avec cohérence à ces détracteurs.
La violence appelait la violence. Le dialogue était rompu. Seul comptait la
voix. La petite voix.
Il partageait ses pensées à haute
voix le soir. Il occupait les parties communes de l’immeuble pour se sentir moins
seul dans son chaos. Il dérangeait. Il troublait. Il suscitait la colère.
Personne ne voulait de sa présence. Son instabilité grandissante forçait la
méfiance de ses pairs. Il finirait par attraper un mauvais coup sur la tempe.
Il ne se relèverait plus. Il tomberait tête la première dans les escaliers. Il ne
s’en sortirait pas indemne.
Sa prison mentale. La faiblesse
de sa condition humaine. Une promesse aux affres de la Mort.
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