Je tenais à m’excuser. Je t’ai
abandonné et maltraité ces derniers mois. Je le sais, cette fois encore, je t’ai
manqué de respect. Je paye lourdement le poids de mes erreurs. Tu t’es retourné
contre moi et la douleur incisive que je ressens dans le bas ventre ne trompe
pas mon discernement. J’aimerai retourner en arrière et effacer l’ardoise.
Trouver des mots pour nommer l’indicible. Te rendre tes lettres de noblesses.
Tant d’années de luttes contre
ton reflet dans le miroir. Je me sens honteuse de t’avoir mille fois rabaissé.
Ma haine est intarissable. Tantôt, je nourrissais mes obsessions au travers de
la nourriture dont je te privais régulièrement. Je me renvoyais sans cesse au
visage tes lignes que je jugeais imparfaites. Et il y avait ce corps que je
regrettais de trainer comme un fardeau. Mon enveloppe charnelle que je tenais à
décharner à mort.
J’ai tenté de te trouver une âme
bienfaitrice pour t’aimer. Personne n’a su te rendre ce dont je t’avais privé. Personne
pour me remplacer. Pas un regard ne m’a rendu un jour fière de toi. Pas un
corps n’a su embellir ta plastique détestable. Pas une caresse n’a réussi à me
faire oublier ta massive résistance à la beauté. Je n’ai jamais su t’oublier un
instant. Jamais je n’ai pu lâcher prise sur notre relation destructrice.
Avec le temps, j’ai dû composer avec tes défauts et renoncer au face-à-face interminable. Tu as gagné la bataille finale. Ma tête plantée sur un morceau de viande avariée. Je continue de pleurer ta perte. Ta dépravation toujours plus cinglante. Ton épais manteau cache de profondes cicatrices. Des trous béants écartelés et tuméfiés qui vont finir par exploser. Je voudrai te toucher sans qu’au moins une fois je n’éprouve un profond dégoût. Toi qui est un répulsif suffisamment fort pour faire tourner ma vie autour de ton nombril. Ce long corps se meut sans harmonie et terminera sa chute dans les tréfonds de la vieillesse avant même que sa jeunesse maudite ait déployé ses ailes fragiles et meurtries par d’autant d’indélicatesse. Plus souvent jeté en pâtures à des chiens errants qu’accrochés au bras de serviles gentilshommes. Nous finirons nos jours ensemble. Juste toi et moi pour le meilleur mais surtout pour le pire.
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