Si il n'existe à mes yeux qu'une seule raison de t'aimer, il en reste quelque mille autres qui me donnent envie de te quitter. Le fil du rasoir n'a jamais été aussi aiguisé que depuis le jour où tu as croisé ma route. Je ne craignais aucune chute. Je ne redoutais aucun manque. Je ne doutais de rien. Je n'aimais personne. Mon cœur était aussi dur que la pierre du soleil. Il se nourrissait de lui-même. Il puisait son énergie dans son seul écrin. Sa force. Sa chaleur. Sa joie de vivre. Rien ni personne n'était autorisé à dissiper ses effets bienfaiteurs. La vie était paisible et calme. Le ciel souvent bleu et dissipé de toutes zones nuageuses. Le vent était une brise délicate et sereine qui m'invitait fréquemment à la danse. Mes cheveux balayaient le sol de ses ombres subtiles et je tournoyais des heures durant dans les bras de l'infini. Je me nourrissais de toutes les richesses et autres folitudes que le monde offre à celui qui sait les regarder. Le plaisir des sens étaient mille fois remerciés par la vie qui me tournait autour quand je restais seule, parée de ma simple compagnie.
C'était encore le cas, il y a quelques heures, quelques jours, quelques semaines avant que ma Vénus rencontre ton Pluton et que nous rentrions en collision. Les éclats de nos carcasses sont venues se greffer les unes aux autres, mêlant nos convictions à nos envies de communion. Cette joyeuse pagaille allait désorganiser tout ce que nous avions mis de temps à construire, pierre après pierre. Ses simples briques devaient ériger l'édifice à notre image. Nous allions passer un temps incertain à nous demander si il nous correspondait totalement où si il fallait modifier son contenu. Je pensais souvent à ma grandeur d'âme. Avais-je suffisamment retourné la question dans tous les sens et les non-sens. Avais-je suffisamment fait preuve de bonté envers mon prochain pour me définir comme étant celle que je prétendais être. Toutes ces questions n'avaient alors plus aucun sens, tout devenait abstrait et sans consistance. Le choc avait été violent. Un choc frontal qui a agit immédiatement comme une amnesie post traumatique.
Je ne me souvenais plus des minutes qui ont précédé l'impact. Je ne pensais plus qu'à cet instant, à cet autre devant moi qui me fixait de ses yeux ronds. Qui était-il? Que pensait-il? Avait-il été aussi frappé par cette rencontre comme je venais de l'être...
Autant de questions qui me traversait l'esprit et qui allaient nourrir beaucoup d'autres interrogations dans les mois à venir jusqu'à ce que cette passion nouvelle cesse de me grignoter l'estomac. Enfin si elle me quittait avant que lui-même ne me quitte pour des raisons similaires. Sans attendre, nous nous sommes rués sur cette embarcation de fortune prêt à voguer dans les remous et les eaux troubles de notre futur incertain. Nous allons nous accrocher au radeau comme ci notre vie entière en dépendait. Prendre des virages dangeureux. Pagayer en sens inverse du courant. Nous nous laisserons aussi porter par les courants d'eaux chaudes. Nous prendrons le temps de nous aimer. Nous éviterons de nous emporter et de braver des tempêtes que nous ne serions pas en mesure de combattre. Les eaux seront souvent calmes et la vie sera simple en apparence tant que l'un ou l'autre ne décidera pas de déchainer les passions et les déraisons de l'autre. Le mettre à mal. Le repousser dans ses derniers retranchements pour voir ce qu'il a dans le ventre. Pour voir si l'amour triomphera de toutes les épreuves.
L'amour triomphe toujours. Pour ceux qui restent et qui se battent chaque matin pour admirer le soleil se lever et se coucher dans le même sillage de son horizon.
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