La beauté est une idée scandaleuse de la normalité. Épique,
rebelle, extravagante, outrageuse elle évolue en parallèle des normes et des
codes, elle mute et se développe sans complexe dans un sillage rebelle et
désintéressé de ces images contrôlées qui inondent les médias et qui rappellent que pour plaire, il faut coopérer. Dents parfaitement alignées, blanches et
éclatante de santé, nez correctement désossé, grands yeux de biche et taille de
guêpe au bonnet C. Je crains que la mise en beauté soit sans intérêt, sans personnalité à
quoi sert encore de s'éparpiller dans cette mélasse de grâce et de voluptés. Il
faut continuer d'avancer en petit mouton blanc dans les vertes prairies, toile
tendue dans un cimetière abandonné aux portes des enfers. Aux belles promesses,
les chairs s'affaissent et redeviennent poussière sans que le charme n'est
opéré et que nos mâles n'ont eu le temps de se réveiller. La peur n'évite pas
le danger, les normes de nous conditionner et d'oublier nos différences, notre
atypique individualité qui force l'intérêt ou le mépris en toute intimité.
Les formes et les déformations nous entraînent dans des
complexes sociétales, crées et entérinés par des immatures et profonds
misanthropes qui cherchent à exiler pour mieux diriger, défigurer pour mieux
identifier les bons des mauvais élèves, de ceux qui écoutent sans compromettre
la bonne parole des apôtres. Je suis et tu seras, je deviens et tu disparais
sans que tu n'oses te rebeller. Il reste à écouter la verve du condamné, du
chien sans collier qui ère sans dieu, ni maître et qui pleure sa dernière
heure, sa vie volée comme un précepteur, un donneur de leçon il rappelle que la
vie est un droit limité, frappé d'une date d'expiration qui sonne trop tôt pour
certains et bien trop tardivement pour d'autres. Il faut en prendre la mesure
avant que sa tournure funeste ne laisse une trace indélébile derrière elle et
que les remords ne soient là seule chose que l'on ne retienne après la mort.
Mon bourreau, mon père, mon géniteur tu as laissé s'échapper la vie sans bataille,
au cœur du réacteur réside ton nom et ta sueur. Tu as brûlé ta vie, tes
valeurs dans des abus de bon travailleur qui s'est tué à la tâche au nom de ta
vie de famille, ton bonheur. Tu as perdu un temps précieux, un temps imputé à
ta vie d'homme, de celui qui a appris à survivre sur les routes et qui ne sera
jamais rentré à demeure. Ton choix, celui des autres qui au final aura eu ta
peau dans un dernier sursaut quand le glas a rejoint ta forteresse et l'a mis
en demeure pour le reste de l'éternité. Je te salue ô toi éternel serviteur à
un monde qui ne lui aura rien donné mais qui lui aura tout arraché jusqu'au
cervelet tuméfié que tu crachais de douleurs dans tes dernières heures. Je
compatis à ta douleur de n'avoir compté que sur toi-même pendant ses nombreuses
années, quand ta veuve n'a vu dans ta perte qu'un poids de moins à supporter..
L'amour à mort de ces griffes acérées qui t'ont arraché à cette terre si chère à ton cœur.
Nous autres, les derniers, il ne reste que nos espoirs à éteindre avant de te rejoindre dans les entrailles du monde perdu, de nos âmes dénuées de plombs qui s'envoleront pour nous quitter sans grande peine et habiter d'autres marionnettes. Voit comme nous sommes tristes, fatigués de trop de peines, brisés jusqu'à la dernière branche de notre humanité. J'ai fini par abandonner la partie, le cœur entre les mains, de ne plus savoir quoi en faire...
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