mardi 20 octobre 2015

Sans déboires



La beauté est une idée scandaleuse de la normalité. Épique, rebelle, extravagante, outrageuse elle évolue en parallèle des normes et des codes, elle mute et se développe sans complexe dans un sillage rebelle et désintéressé de ces images contrôlées qui inondent les médias et qui rappellent que pour plaire, il faut coopérer. Dents parfaitement alignées, blanches et éclatante de santé, nez correctement désossé, grands yeux de biche et taille de guêpe au bonnet C. Je crains que la mise en beauté soit sans intérêt, sans personnalité à quoi sert encore de s'éparpiller dans cette mélasse de grâce et de voluptés. Il faut continuer d'avancer en petit mouton blanc dans les vertes prairies, toile tendue dans un cimetière abandonné aux portes des enfers. Aux belles promesses, les chairs s'affaissent et redeviennent poussière sans que le charme n'est opéré et que nos mâles n'ont eu le temps de se réveiller. La peur n'évite pas le danger, les normes de nous conditionner et d'oublier nos différences, notre atypique individualité qui force l'intérêt ou le mépris en toute intimité.


Les formes et les déformations nous entraînent dans des complexes sociétales, crées et entérinés par des immatures et profonds misanthropes qui cherchent à exiler pour mieux diriger, défigurer pour mieux identifier les bons des mauvais élèves, de ceux qui écoutent sans compromettre la bonne parole des apôtres. Je suis et tu seras, je deviens et tu disparais sans que tu n'oses te rebeller. Il reste à écouter la verve du condamné, du chien sans collier qui ère sans dieu, ni maître et qui pleure sa dernière heure, sa vie volée comme un précepteur, un donneur de leçon il rappelle que la vie est un droit limité, frappé d'une date d'expiration qui sonne trop tôt pour certains et bien trop tardivement pour d'autres. Il faut en prendre la mesure avant que sa tournure funeste ne laisse une trace indélébile derrière elle et que les remords ne soient là seule chose que l'on ne retienne après la mort. 

Mon bourreau, mon père, mon géniteur tu as laissé s'échapper la vie sans bataille, au cœur du réacteur réside ton nom et ta sueur. Tu as brûlé ta vie, tes valeurs dans des abus de bon travailleur qui s'est tué à la tâche au nom de ta vie de famille, ton bonheur. Tu as perdu un temps précieux, un temps imputé à ta vie d'homme, de celui qui a appris à survivre sur les routes et qui ne sera jamais rentré à demeure. Ton choix, celui des autres qui au final aura eu ta peau dans un dernier sursaut quand le glas a rejoint ta forteresse et l'a mis en demeure pour le reste de l'éternité. Je te salue ô toi éternel serviteur à un monde qui ne lui aura rien donné mais qui lui aura tout arraché jusqu'au cervelet tuméfié que tu crachais de douleurs dans tes dernières heures. Je compatis à ta douleur de n'avoir compté que sur toi-même pendant ses nombreuses années, quand ta veuve n'a vu dans ta perte qu'un poids de moins à supporter.. L'amour à mort de ces griffes acérées qui t'ont arraché à cette terre si chère à ton cœur. 

Nous autres, les derniers, il ne reste que nos espoirs à éteindre avant de te rejoindre dans les entrailles du monde perdu, de nos âmes dénuées de plombs qui s'envoleront pour nous quitter sans grande peine et habiter d'autres marionnettes. Voit comme nous sommes tristes, fatigués de trop de peines, brisés jusqu'à la dernière branche de notre humanité. J'ai fini par abandonner la partie, le cœur entre les mains, de ne plus savoir quoi en faire...

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