mercredi 6 mai 2015

Lepidoptera

Des fois, je pense à toi. Je n’imagine aucune réciprocité dans ce roman-guimauve que je t’offre sur un plateau d’argent. J’ai perdu ma raison dans cette passion nouvelle qui me grignote l’estomac quand mes pensées me ramènent à toi. Je pense à l’océan de tes yeux, à ton sourire qui m’invite à fondre un peu plus encore en ta présence. J’ai envie de sentir ta peau sous mes doigts, sentir ton regard se poser sur moi. Je marche d’errance pour mieux me rapprocher de tes pas, je t’imagine sortir de nulle part et de te croiser par hasard. Imaginer te plaire une dernière fois, sentir tes bras se tendre vers moi pour m’accueillir un instant et me laisser m’imprégner de ton odeur, de ton parfum, de ta chaleur. Je m’accroche aux images de ton visage poupin presque imberbe qui me hante jour et nuit.


Souvent, tu me manques. J’ai envie de m’assoir à tes côtés quelques instants pour ne rien te dire juste t’écouter divaguer. Échouons-nous dans l’océan de nos différences, laisse toi encore aller à me conter n’importe quoi. Tu parlais d’évidence entre nous mais pourtant, tu ne me montres que de l’indifférence. J’ai envie de courir loin de toi mais plus je m’éloigne et plus je ressens le vacarme de ces milliers de papillons qui virevoltent dans mon bas ventre. Je pourrais continuer d’exister avec d’autres, continuer de séduire et d’aimer l’être, sans que rien ni personne ne m’émeut comme tu as su le faire. Mais j’ai perdu l’envie, le désir comme une pause nécessaire dans ce tourment émotionnel que j’ai contracté en ta présence. Je me satisfais sans effet de ton prégnant souvenir même si tu m’ignores de la tête aux pieds. Je ne t’oublie pas, je te survis pour éviter de tomber dans les bas-fonds de mes haut-le-cœur et y perdre jusqu’à ma bonne humeur.



Toujours est-il que j’ai besoin de toi. Je lis et lis encore tes mots, j’use ces quelques clichés volés en plongeant dans ton regard immobile. Je te ressens dans chacun de mes battements de cils, les pensées transpercent ma peau pour devenir un livre ouvert dans lequel je t’invite à plonger nus pieds. Ma prose est tienne, je vis dans le reflet de ton incommensurable absence. Laisse-moi ouvrir la porte aux enfers pour connaître enfin ta part d’ombre, et tenter de vaincre les démons. Ce soir, je pars une nuit de plus conquérir les terres inconnues de ton étrange domaine en espérant te rattraper avant que le temps ne manque à l’appel. Je te le dis sans fards, là où l’on pense que l’espoir fait vivre, l’attente quant à elle fait mourir et je suffoque chaque instant un peu plus dans l’étrangeté de ce déchirant sentiment de manque que tu m’inspires à longueur de journée. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire