dimanche 25 octobre 2015

Meute de loups

Ils ont le teint pâle et la mine défaite de ces soirées trop arrosées, de ce manteau d'ivresse qu'ils revêtent quand les jours tristes se mêlent à leur misérable vie de pèlerin en quête d'un été sans fin. Ces calices d'infortune favorisent les rencontres fortuites et passagères dans un monde éphémère qui ne durent jamais plus que le temps d'une ivresse. Ces joyeuses virées n'ont de cesse de se transformer en de sombres delirium tremens où le manque quand il surgit ne réclame que l’opulence d'une indicible envie. Ils n'ont de cesse de se ruer dans ces établissements de nuit qui malgré la fatigue restent des heures accoudés au comptoir de leurs ennuis. Ils consomment comme une nécessité, un rempart contre l'oubli de ces mauvaises pensées qui les mine sans jamais leur accorder un sursis.
Je peine à croire qu'ils soient si nombreux à vider leurs idées noires dans ces abus de nicotine et d'alcool, se laissant happer d’addiction conforté par le manque de passion et de conviction. Forts de leur inébranlable mémoire quand ils énoncent leur vie passée, ils vivent et ressassent jusqu'à l'overdose dans un engouement tel qu'ils s'embrasent de leur anciens exploits sans que personne n'ose rompre la faille temporelle dont ils sont les témoins un peu honteux. Il porte les images de sa fougueuse jeunesse, porteuse de l'innocence de ces jeunes années sans laquelle tous ces beaux souvenirs n'auraient pas eu autant de grâce à ces yeux. Le temps s’accélèrent jusqu'à disparaître dans la tête de ces égarés, les retardataires ne devraient pas tarder à se joindre au voyage interstellaire, loin de toute vie terrestre ils gagnent à atteindre leurs rêves de trentenaire désenchantés. Ils enchaînent les cascades, les éclairs dans ces bars de quartier, poules aux œufs d'or pour ces funestes créanciers. La mélancolie est source de revenus pour ces prestataires de soirée, tu pleures, tu consommes et tu craches tes petits sous pour remplir la bourse de tes receveurs qui eux-même s'éloignent du bonheur pour amasser suffisamment de liquidité en fin de journée et espérer vivre un peu plus dignement. Le vie est une marmite du diable où se déshonorent les dépressions cycloniques et qui en son ventre se condensent des océans de détresse dans le seul but d'anéantir ses sujets. Tu usurpes l'identité de tes victimes, elles sont tombées sans jamais se relever et tu te complais dans ces vies volées, de ces cous sans colliers qui n'ont plus de tête à porter. Spectateur impassible, je te regarde t'enfoncer dans ces corps momifiés, qui ne ressemblent plus qu'à de simples poupées écervelées. Tu distribues tes coups de reins, tu les donnes à qui veut bien les prendre et qui supporte entre ces cuisses tes brèves saccades et tes poussifs soupirs quand vient le moment de jouir. Tes fins de soirées amochées se passent toujours dans des couches différentes, fort de posséder ces poétesses immaculées un peu trop faciles à attraper. Jamais personne ne te résiste, tu les distrais suffisamment pour les emmener au bout de la nuit dans tes cimetières de débauche quand la baise dissipe encore un peu le brouillard de tes états post-traumatiques. Je mène ma vie en parallèle de ces fracassantes vérités qui me martèlent la tête à longueur de journée et je chemine vers toi sans équilibre dans l'attente d'une chute libre avec cette irrépressible envie de percuter le sol pour enfin ne plus me relever. Nos regards se croisent pour ne jamais se rencontrer, je fuis les hommes comme ils fuient leurs responsabilités, si tentée que je prenne un jour les miennes à bras le corps. Je ressemble trait pour trait à mes comparses masculins, j'apprécie leurs mauvaises intentions et leurs perpétuels mensonges qui font de mes valeureux chevaliers, des maris et des pères indignes. Ils seront encore bien nombreux ces idiots à vouloir aider les pauvres fous que nous sommes et à nous concéder toutes les bonnes grâces que nous ne méritons pas. Mes insurgés s'alignent pour faire face au sacrément de leur pénitence, ils seront absolus de tous leurs pêchés si tentés qu'ils veillent bien tendre la main pour se la faire trancher. La dissolution de la meute au petit jour est la preuve ultime de notre défaite, le sceau de nos vision contestataire pour un monde que nous ne comprenons pas et qui nous rejettent sans vergogne ne nous laisse que plus seul encore quand chacun reprend le cours de sa vie citoyenne.  

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