jeudi 14 avril 2016

trompette de la mort

Il y a les incidents de la vie, les catastrophes naturelles, les désordres cycloniques, les tempêtes et les sinistres dont on ne connaît pas les prédictions mais qui finissent toujours par anéantir la moindre parcelle de terre, la plus petite végétation en ne laissant rien d'autres après son passage que mort et désolation. La partie haute de l'iceberg sur laquelle vous vous battez en attendant les secours est émergée, il ne reste plus qu'elle à la surface de l'eau, les terres ont été ensevelies et le paysage se veut aussi rectiligne que le plat pays. Ce gros bloc de glace est votre ultime chance de rester en vie. Pendant ce temps là, mon corps immerge sous la surface de l'eau, je finirais par couler comme un pavé jeté à la mer et sous les décombres de la ville mortuaire, je resterai à jamais prisonnière. La ville est engloutie par les eaux troubles et froides, elles est avalée en son cœur par les profondeurs de l'océan. J'obtempère devant les frasques de nos vies modernes, nous payons le prix fort de nos comportements hautement nocifs envers cette terre d'accueil. Elle nous a combattu et vaincu par delà les eaux, par delà les éclairs de sa colère. Nous avons perdu de vue l'essentiel, nous nous sommes perdus pour quelques gratte-ciels, quelques voyages intercellaires et d'autres excentricités issues de nos cervelles un peu folles.

Il ne nous reste que des regrets, des quêtes inachevées, des images un peu tristes. Moi, il me reste toi, ton sourire, ces derniers instants passés en ta présence. L'amour, finalement est la seule chose essentielle à ma vie. L'amour me guide mais il me perd aussi. Je me perd dans son sillage fou, il m'écartèle de ses membres volatiles qui me quittent plus qu'ils ne m'enlacent. J'ai besoin de toi. Besoin de tes bras autour de moi. Besoin de tes paroles rassurantes. Besoin de ton amour.  Quand l'amour me quitte, je le ressens dans les plus infimes parties de mon anatomie. Je me sens nue. Je me sens vide. Je me sens seule.

A cet instant, je glisse. Doucement. Je glisse dans ce liquide translucide. Mes poumons se vident seconde après seconde de son précieux oxygène. Et à présent, ils se remplissent de cette eau qui a recouvert les murs et les façades de nos maisons. Des corps inertes et sans vies me tournent autour. Les corps flottent au dessus et en dessous du niveau de l'eau. Je continue de glisser. Je ne tente pas de résister. Je glisse encore et je percute le sol de ma tête. J'ai peine à y croire, je viens de toucher le fond. Je lève une dernière fois la tête et je vois tous ces corps tomber l'un après l'autre. Ces corps me rejoignent les uns après les autres. Une ville entière perdue dans l'oubli. Une ville fantôme sous les eaux claires de cette mère étrangère qui nous a étreint jusqu'à notre dernier souffle. 

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