samedi 2 avril 2016

Palabre infinie

Abattre ses dernières cartes. Jouer sans se soucier de qui perd et de qui gagne la partie finale. Je suis à genou devant l'autel de cette cathédrale. Personne à mon bras. Personne ne me conduira jamais aux portes du Sacré Cœur. Je balance mon cœur hors de ma poitrine. Je le jette à tes pieds. Tu peux bien le piétiner, l'exploser entre tes doigts, le tordre dans tous les sens, ne pas t'en soucier et l'abandonner. Il ne me sert plus à rien. Je vous le laisse. Je vous laisse voir si vous en voulez. Je te laisse le choix. Vous comprendrez mais pas lui.

Le mal est fait, le mal d'aimer n'est qu'une succession de maladresses, d'impasses et de virtuosités mal coordonnées. Je voudrai aimer. Je voudrai tellement l'être en retour. Je veux des mots, je veux des gestes, je veux des caresses. Je ne veux plus d'éclats de voix. Je ne veux plus de regards noirs. Je ne veux plus de silence, de bris de verre, de pieds et de mains meurtries. Si j'ose le dire, peux-tu bien l'entendre. Si j'oserai tout. Je t'oserai toi et je me foutrai du reste.

Ton ami, ton dernier verre. Il te suit et te poursuit dans les plus sombres comme les plus festifs moments de ta vie. Il te relève, il te révèle à toi-même, sombre, inspirant, versatile. Il t'offre des discours en bataille, il t'ouvre des portes, des mains se tendent et des joues se penchent vers toi successivement, maladroitement. Les rencontres se fluidifient au rythme de ses verres que tu vides, tu observes lascive les scénettes de soirée, le maître d'œuvre de cette pittoresque cérémonie orchestre les jeux hasardeux de ces comédiens et il ramène à sa table les plus louables de ses serviteurs. Les plus vils d'entre eux n'ont pas de mal à se frayer un chemin, ils inondent la salle de leur présence et bientôt, ils auront décidé si tu mérites leur compagnie où si tu resteras tapi seul dans un coin. Tu finiras ta fin de soirée avec le ventre remplis de ses petites bulles de bonheur qui te reviennent comme un goût amer avant de se jeter elles aussi sur le trottoir.

Tout finit toujours sur le bitume, nos idéaux, nos rêves, nos amours. Nous finirons tous un jour ou l'autre dans le caniveau, à pleurer des trombes d'eaux salées cela quand bien même d'autres, réussiront toujours à garder leur Nord, à ne pas dévier, continuer leur route en bravant les obstacles, en gardant la tête haute. Leur destinée est toute tracée et ils seront déjà loin devant quand nous aurons enfin repris notre tête entre nos main. Nos esprits en chemin. Coûte que coûte, nous serons debout, un peu courbés, un peu vacillant sur l'opacité de l'horizon et nous aurons l'air mort, à errer sans lendemain, sans quiconque à nos cotés, notre solitude sera notre pénitence pour les mois et les années à venir.

Mon cœur bat trop fort dans ma poitrine, je l'entend rugir. Le sang qui cogne dans mes tempes me donne envie de distribuer ma rage en une rafale de coup de poings. Serrer les dents. Serrer les poings. Serrer très fort les mâchoires. S'accrocher au premier bras qui passe et partir loin. Loin de toi qui ne me comprend pas. C'est ma seule chance de tenir debout. Ma seule chance de continuer d'avancer.



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