jeudi 11 décembre 2014

En matière

Nous aimerions nos esprits plus libres et moins préoccupés, seuls accoudés au bar de nos idéaux nous ne sommes pas tous égaux. Malheureusement, nous sommes bien trop galvaudés pour être un peu original, la banalité nous colle à la peau car nous ne sommes que de simples citoyens, homme et femme, rien de plus que de pâles copies qui ne cessent de se multiplier pour en arriver à d’étrange siamoiserie. Nous n’existons que pour les autres, pour satisfaire leurs exigences si tentée est que cela puisse les contenter un jour. Nous sommes jugés, jaugés, scrutés, dévalués impétueusement sans que cela ne découle jamais sur un jugement positif car rien n’est jamais suffisamment beau ou bon pour qu’autrui relève l’ingéniosité, la singularité, la volonté d’être sans paraître. Nous sommes tous des acteurs, simples vagabonds ou donneurs de leçons bien malgré nous qui sommes totalement désœuvrés par le manque de tout et le manque de rien. Nous en venons à ne plus savoir ce qui nous est indispensable et ce qui ne l’est pas, nous n’avons plus la notion de l’essentiel et de la valeur des acquis. Les sensations de manques ont évolués, ils ne sont plus matériels mais bel et bien humains, à quand l’homme face à ses pertes et fracas dans son humanité? Si je songe encore au passé c’est que l’avenir n’est pas si éclairé, mon présent s’attarde aux problèmes de matières et de contrastes. Pourquoi ne sommes-nous jamais heureux ?

Il subsiste année après année une étrange épidémie de mélancolie, comme une tâche tenace immaculée de nos sordides problèmes de fric. A trop souvent côtoyer les opportunistes, nous finissons par ne plus exister que pour eux dans cet espoir sordide de leur ressembler un jour. Dans une société tournée vers le pouvoir et l’argent, il faut avouer qu’à moins d’avoir un pied dans la marge rien ne peut nous permettre de lui résister. Nous agissons et nous procréons dans le seul but de survivre dans un contexte sociétal, schéma orchestré depuis le fief de nos détracteurs.

La liberté d’expression est bafouée, contrôlée, épiée comme-ci notre sainte grandeur pouvait en être affectée. A préférer, nos dirigeants nous laisseraient croupir dans nos demeures perméables tandis qu’ils nous martèlent la caboche de leur gentille pagaille dire que la pilule passe plus facilement. Les images sont inacceptables pour ceux et celles qui les penseraient normales, mais tout est programmé pour que l’amalgame soit et que nos cerveaux déraillent sous l’emprise de ces disparités entre réalité et fiction.

Magnanimes sont les bien-pensants qui se risquent à exister parmi ceux qui n’y croient plus. Au nom de tous ces gens qui errent telles des âmes déchues dans les étals trompe-l’œil qui promettent du bonheur sous blister. J’ai grande peine à imaginer ce monde qui tourné vers la consommation ne sachant plus se lever que dans le seul but de continuer d’accroître ses revenus et de dépenser un peu plus pour supporter ses peines et ses fardeaux.

Je me rassois les coudes bien enfoncés dans le bois fatigué d’un de ces bars de quartier que je connais. Dans un de ces lieux où les plus dépendants perdent leur temps car là où l’ivresse demeure, il est encore permis de rêver et de se fatiguer.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire