Nous aimerions nos esprits plus libres
et moins préoccupés, seuls accoudés au bar de nos idéaux nous ne sommes pas
tous égaux. Malheureusement, nous sommes bien trop galvaudés pour être un peu
original, la banalité nous colle à la peau car nous ne sommes que de simples
citoyens, homme et femme, rien de plus que de pâles copies qui ne cessent de se
multiplier pour en arriver à d’étrange siamoiserie. Nous n’existons que pour
les autres, pour satisfaire leurs exigences si tentée est que cela puisse les
contenter un jour. Nous sommes jugés, jaugés, scrutés, dévalués impétueusement sans
que cela ne découle jamais sur un jugement positif car rien n’est jamais suffisamment
beau ou bon pour qu’autrui relève l’ingéniosité, la singularité, la volonté d’être
sans paraître. Nous sommes tous des acteurs, simples vagabonds ou donneurs de
leçons bien malgré nous qui sommes totalement désœuvrés par le manque de tout
et le manque de rien. Nous en venons à ne plus savoir ce qui nous est
indispensable et ce qui ne l’est pas, nous n’avons plus la notion de l’essentiel
et de la valeur des acquis. Les sensations de manques ont évolués, ils ne sont
plus matériels mais bel et bien humains, à quand l’homme face à ses pertes et
fracas dans son humanité? Si je songe encore au passé c’est que l’avenir n’est
pas si éclairé, mon présent s’attarde aux problèmes de matières et de
contrastes. Pourquoi ne sommes-nous jamais heureux ?
Il subsiste année après année une étrange épidémie de mélancolie,
comme une tâche tenace immaculée de nos sordides problèmes de fric. A trop souvent
côtoyer les opportunistes, nous finissons par ne plus exister que pour eux dans
cet espoir sordide de leur ressembler un jour. Dans une société tournée vers le
pouvoir et l’argent, il faut avouer qu’à moins d’avoir un pied dans la marge
rien ne peut nous permettre de lui résister. Nous agissons et nous procréons
dans le seul but de survivre dans un contexte sociétal, schéma orchestré depuis
le fief de nos détracteurs.
La liberté d’expression est bafouée, contrôlée, épiée
comme-ci notre sainte grandeur pouvait en être affectée. A préférer, nos
dirigeants nous laisseraient croupir dans nos demeures perméables tandis qu’ils
nous martèlent la caboche de leur gentille pagaille dire que la pilule passe
plus facilement. Les images sont inacceptables pour ceux et celles qui les
penseraient normales, mais tout est programmé pour que l’amalgame soit et que
nos cerveaux déraillent sous l’emprise de ces disparités entre réalité et
fiction.
Magnanimes sont les bien-pensants qui se risquent à exister parmi
ceux qui n’y croient plus. Au nom de tous ces gens qui errent telles des âmes déchues
dans les étals trompe-l’œil qui promettent du bonheur sous blister. J’ai grande
peine à imaginer ce monde qui tourné vers la consommation ne sachant plus se
lever que dans le seul but de continuer d’accroître ses revenus et de dépenser
un peu plus pour supporter ses peines et ses fardeaux.
Je me rassois les coudes
bien enfoncés dans le bois fatigué d’un de ces bars de quartier que je connais.
Dans un de ces lieux où les plus dépendants perdent leur temps car là où l’ivresse
demeure, il est encore permis de rêver et de se fatiguer.
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